Les 6 étapes du lancement d’un projet

Voici une petite méthodologie formalisée que j’ai remixé à partir des mes connaissances en théorie des organisations et de mon expérience personnelle en développement de projets. Bien qu’intuitive, je tenais à la faire partager spécialement pour les apprentis entrepreneurs qui se lancent dans des projets complexes et qui peuvent vite perdre le fil face aux différents obstacles qui s’imposent à eux.

Note : Ce contenu initialement publié en 2012 a été republié en 2023, et il est le 3è chapitre d’une série de cours sur le Management 2.0, dont le sommaire se trouve ici.

Il existe plus d’une contrainte qui fait qu’un entrepreneur débutant peut être amené à abandonner son projet ou à le mettre en péril : manque de financement, paperasses interminables, droit inadapté, pressions ou encore perte de focalisation. C’est pourquoi il me semble important, à un moment donné, de faire le point et de se placer dans une boucle au sein de laquelle on peut identifier grossièrement six étapes : le ravitaillement, le démarrage, l’accélération, le décollage, la stabilisation, puis la révolution (ou au choix, l’atterrissage).

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Le ravitaillement

Dans le lancement d’un projet, cette étape constitue tout simplement la prise d’informations. Sorte de mix entre intelligence économique, prise de renseignements, réseautage et recherches sur le net, cette étape est un préalable indispensable à faire avant de se lancer dans quoi que ce soit, et il vous faudra vous poser les bonnes questions :

Quel est le domaine dans lequel je souhaite me lancer ? Quel(s) produit(s) ou quel(s) service(s), quel modèle économique, quels concurrents, quelle logistique, quel droit, quel investissement, quel(s) associé(s) et quelle porte de sortie ? Pour cela, il vous faudra monter un business-plan personnel même simplifié et brouillon, dans lequel vous décrirez et formaliserez votre projet.

Pour ce faire, il ne faut pas hésiter à explorer toutes les pistes possibles : réseau des anciens de votre école, forums juridiques, amis avocats ou profils financiers, bilans et comptes de résultat des acteurs déjà en place. Usez des informations blanches, voire grises si vous le pouvez !

Le démarrage

Le démarrage, comme son nom l’indique, consiste à se lancer dans la bataille ! Plus de temps pour le scepticisme, si vous avez décidé de faire le grand saut, il n’y a plus à hésiter, il faut mettre toutes les chances de votre côté.

Pour ce faire, vous n’aurez pas beaucoup de temps de repos, et il vous faudra ménager vos proches, voire mobiliser leurs forces en cas de besoin.

Cette phase est parmi les plus hasardeuses car beaucoup de choses vous tombent dessus : déménagements, paperasses administratives, premiers salariés à gérer…

L’accélération

J’ai souvent retrouvé cette phase naturelle d’accélération dans bon nombre de projets en développement. Elle constitue l’étape qui précède une certaine deadline importante à respecter.

Or, il y a souvent quelques imprévus qui viennent remettre en cause cette deadline : un stock non livré, un bug dans le système, un collaborateur mécontent, ce qui entraîne un certain retard.

Ces imprévus provoquent alors une sorte de phase de stress positive qui mobilise les équipes autour d’un objectif commun de survie : le respect des deadline fixées.

C’est la phase d’accélération, mais attention, accélération ne veut pas dire empressement : gare aux erreurs fatales !

Par ailleurs, l’accélération consiste à mobiliser une grosse partie des équipes dans la poursuite de l’objectif fixé en amont. Et pour cause, le projet étant nouveau, il faut redoubler d’efforts pour rattraper le retard pris par rapport aux concurrents.

Il s’agit donc de mettre la gomme pour assumer la fameuse « prime fraîcheur » auprès des prospects, et faire parler de vous.

Le décollage

Le décollage est, comme son nom l’indique, la phase la plus charnière du projet. En effet, j’ai maintes fois assisté aux coups d’accélération portés sur certains projets, où les équipes étaient mobilisées à fond derrière l’objectif fixé.

Sauf qu’une fois les premiers résultats accomplis, les équipes se sont relâchées en croyant qu’elles pourraient reprendre au même stade un peu plus tard. Grave erreur !

Si j’ai tenu à rédiger cet article, c’est justement pour décrire ce saut quantique qu’il faut savoir relever : l’activité d’un projet ne suit généralement pas une fonction linéaire croissante, elle fonctionne par saut technologique, organisationnel, marketing et commercial… Elle passe d’un stade à l’autre par strates successives, mais pas de manière linéaire.

Pour rester dans la métaphore de l’avion, celui-ci ne peut pas stopper le jus qu’il est en train de délivrer lors du décollage sous prétexte qu’il a réussi à décoller un peu : il doit absolument terminer son décollage et arriver à une certaine altitude pour relâcher la tension.

C’est exactement le même procédé qu’il faut utiliser lors du développement d’un projet : les premiers résultats sont trompeurs, et se reposer sur eux peuvent non seulement vous empêcher toute progression, mais en plus annuler tous les efforts entrepris auparavant, ce qui vous obligera à tout recommencer !

Que ce soit en tennis, en musculation, ou dans une pratique artistique par exemple, des premiers résultats arrivent souvent au bout de quelques semaines de pratique. Or, cette évolution rapide est trompeuse, car elle laisse penser au novice que l’évolution va continuer sur cette lancée. En réalité, une fois la phase des premiers résultats passée, s’en suit une longue phase de stagnation voire de régression (pensez au décollage, qui alterne gain d’altitude et reprise de souffle), sujette à découragement. C’est justement durant cette période qu’il faut s’accrocher et ne surtout pas se démotiver, car les premiers efforts pourraient avoir été vains !

L’exemple du lancement d’un blog ou d’une chaîne YouTube

La phase de décollage est particulièrement importante dans le lancement d’un magazine en ligne par exemple, d’une chaîne YouTube ou encore d’un compte Instagram ou Tiktok, que ce soit en terme de positionnement SEO ou de fidélisation.

Si vous avez mis la gomme sur le design, les fondations techniques, la fréquence de publication, il arrive souvent qu’après une certaine période les créateurs de contenu se relâchent en voyant qu’ils n’ont que très peu de retours dans les commentaires de leurs publications ou en termes de viralité.

Là encore, il s’agit de redoubler d’efforts, et de continuer d’assurer les mises à jour (pour peu que le travail sur le référencement ait été bien fait) pour que, d’un coup, par une sorte d’ellipse numérique, la communauté finisse par éclore du jour au lendemain.

C’est une expérience que j’ai pu connaître dans la plupart de mes projets web : ce n’est qu’après une longue période marquée par la lente construction d’une communauté jusqu’alors silencieuse que, tout d’un coup, par une sorte de catalyse numérique presque magique, les effets bénéfiques des robots de chez Google se fassent ressentir, et que dans le même temps les habitués se mettent à donner des signes de vie. Il s’agit de ce que j’appelle la masse critique, qu’il est nécessaire d’atteindre avant de réaliser le saut quantique dont je parlais juste avant.

La stabilisation

Le projet est lancé et il commence à bien tourner. La stabilisation consiste alors à trouver un certain rythme de croisière, d’une part pour créer une organisation stable, permettre une fidélisation et la mise en place de repères pour vos parties prenantes (lecteurs, employés, fournisseurs, clients, actionnaires, etc), mais aussi pour vous permettre de souffler et commencer à réinventer l’avenir sur des structures solides et pérennes.

Attention toutefois : stabilisation ne veut pas dire assoupissement ! Cette phase est à mon sens marquée par des adaptations plus ou moins grandes à l’environnement, à la demande, à la législation, et par des petites périodes évidentes de turbulences, qui traduisent des changements marginaux de direction, des tâtonnement, des luttes de pouvoir internes, etc…

La révolution ou l’atterrissage

La révolution

Il n’y a aucune chance que le business que vous avez créé ne subsiste à long terme si vous n’opérez pas, quand l’environnement l’impose, une révolution.

Ce peut être une révolution organisationnelle suite à des innovations technologiques, un changement de positionnement, un nouveau marché, une joint venture…

La peur de faire le mauvais choix représente le risque de ne pas évoluer avec son temps, et de disparaître à terme.

Mais là encore, il s’agit de ne pas opposer prudence et précipitation. Faire une révolution ne veut pas dire faire n’importe quoi : une révolution est dans le monde du business par définition prudente et calculée, contrairement à la notion de révolution telle qu’on la connait dans l’histoire, et qui est le fruit d’un grand concours de circonstances et de luttes de pouvoir.

L’atterrissage

Vous avez atteint vos objectifs, votre projet est une réussite, il est temps d’atterrir en récoltant les fruits que vous avez semés !

L’atterrissage représente dans le modèle que je vous énonce la revente de votre business au moment le plus opportun : lors d’une bulle économique, pendant une période faste, ou lorsque vous pensez que votre activité est à son paroxysme et qu’elle va probablement diminuer dans les prochaines années.

Vous êtes quelqu’un de lucide et d’opportuniste, et vous pensez qu’il est bon de revendre votre business totalement ou en partie pour réinvestir ailleurs, c’est la phase d’atterrissage, avec tout ce qu’elle a de bon !

Conclusion

Voilà, à mon sens, une description possible des grandes phases d’un projet entrepreneurial, qui décrit l’entreprise et l’organisation à travers deux axes principaux :

  • Tout d’abord, le fait de considérer l’entreprise au sein d’un cycle de vie plus ou moins long, marqué par un début (la préparation) et une fin.
  • Ensuite, le choix de décrire l’entreprise comme une succession de phases qui vont amener les décideurs à alterner de manière plus ou moins opportune des étapes d’adaptation mineure et de révolution majeure.

La clé du top management est donc de maintenir une période de stabilité aussi longtemps que cela est nécessaire, mais aussi de reconnaître au moment opportun la nécessité d’une transformation rapide et profonde de nombreuses caractéristiques en même temps.

Les puristes reconnaîtront que mon approche est en grande partie inspirée de l’école de la configuration.

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Réponses 4

  1. Bonjour,
    En 2 mots, j’adore, merci.
    Je n’ai pas forcément de choses à rajouter mais je voulais jsute dire merci pour cet article.
    A+

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