Dans ce nouveau cours tiré du Guide complet sur la gestion d’entreprise, nous allons apprendre en quoi consiste les ratios d’endettement, leur intérêt, leur mode de calcul, la façon de les interpréter, toujours dans le but de nous former à la finance et à la gestion d’entreprise.
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Définition du ratio d’endettement
Le ratio d’endettement est comme son nom l’indique, un ratio (donc un rapport entre deux ordres de grandeur) qui mesure le niveau d’endettement d’une entreprise par rapport à ses capitaux propres.
Exprimé en pourcentage, ce ratio permet d’évaluer le niveau de dépendance financière de l’entreprise vis-à-vis des tiers et sa capacité à rembourser ses dettes.
Comme nous l’avons évoqué dans le chapitre précédent sur l’effet de levier, les entreprises peuvent avoir recours à de la dette pour financer leurs investissements, plutôt que par des fonds propres. Cela permet notamment d’améliorer la rentabilité des capitaux propres, donc le profit des actionnaires, car si l’on devait le dire de façon schématique, ils misent moins pour plus de revenus en passant par l’endettement que par un apport en capitaux propres.
Cela fonctionne tant que le rendement de l’actif économique est supérieur au coût d’endettement, c’est-à-dire au taux d’intérêt multiplié par le montant de la dette, qui est le montant qui permet de rétribuer l’institution financière qui a prêté cet argent.
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Maintenant que nous avons dit ça, nous comprenons ainsi l’intérêt du ratio d’endettement, ou plutôt des ratios d’endettement car il en existent plusieurs : ils mesurent en fait le niveau de dépendance financière de l’entreprise vis-à-vis des tiers qui ont prêté de l’argent à l’entreprise.
Plus l’entreprise est dépendante de l’endettement, plus cela peut la rendre vulnérable, car son actif économique devient de plus en plus dépendant de l’endettement et donc de tiers, qui sont des acteurs externes à l’entreprise, et dont l’intérêt est de se rémunérer sur le prêt qu’ils ont accordé à l’entreprise, quelque soit les impacts que cela pourrait avoir sur cette entreprise.
Formule principale du ratio d’endettement
La formule principale du ratio d’endettement est assez simple :
Ratio d’endettement = Dettes financières nettes / Capitaux propres
Les dettes comprennent généralement les dettes de long terme (donc prêts bancaires principalement) et les dettes de court terme (concours bancaires courants et emprunts à moins d’un an), même si parfois, dans certains cours, il peut arriver que seules les dettes financières de long terme soient incluses dans le ratio, par souci de simplification.
Quoiqu’il en soit, on exclut les dettes fournisseurs ou encore les dettes fiscales et sociales. L’idée, c’est de savoir à quel point l’entreprise est à la merci de l’endettement auprès d’institutions financières pour financer son activité.
Ensuite, en ce qui concerne les Dettes financières nettes, il faut savoir que :
Dettes financières nettes = Dettes financières − Trésorerie disponible
Avec :
- Dettes financières : crédits bancaires, emprunts obligataires, comptes courants d’associés rémunérés… bref tout ce que l’entreprise doit aux prêteurs.
- Trésorerie disponible : liquidités immédiatement mobilisables (caisse, comptes bancaires positifs, placements très liquides).
Pourquoi “nettes” ?
- Le terme « nettes » indique qu’on soustrait la trésorerie disponible des dettes financières brutes.
- L’objectif est d’obtenir une vision réelle de l’endettement, c’est-à-dire ce qu’il resterait à rembourser si l’entreprise utilisait tout son cash disponible.
Enfin, les capitaux propres, pour rappel, rassemblent les ressources internes de l’entreprise. Ils sont notamment composés :
- des apports des actionnaires ;
- du résultat net généré ;
- et des réserves des bénéfices réinvestis dans l’entreprise.
Interprétation du ratio d’endettement
L’interprétation du ratio d’endettement est assez simple, même si en fonction du contexte, on pourrait justifier les différents résultats. Mais pour schématiser :
- si le ratio d’endettement est supérieur à 1, cela signifie que l’endettement est supérieur aux fonds propres. C’est donc que les institutions financières supportent davantage le risque lié à l’activité de l’entreprise (et à son éventuel succès ou échec) que les actionnaires. Dans un tel cas, l’entreprise est en quelque sorte en situation de vulnérabilité vis-à-vis des prêteurs.
- si le ratio d’endettement est inférieur à 1, on estime que la capacité d’endettement de l’entreprise est correcte. Les fonds propres sont supérieurs aux emprunts. Cela permet d’avoir une marge de manœuvre pour exploiter davantage l’effet de levier du crédit si besoin.
En théorie, la « meilleure » situation est celle où ce sont les actionnaires qui supportent le risque, et non les prêteurs, car les prêteurs ne sont pas les propriétaires de l’entreprise.
Néanmoins, comme nous l’avons vu dans le chapitre sur l’effet de levier, si l’effet de levier est positif, et que la rentabilité de l’entreprise est bien supérieure au coût de l’endettement, alors les propriétaires de l’entreprise pourraient se permettre d’emprunter davantage afin de financer un investissement censé être couronné de succès, car leur rentabilité financière (la fameuse rentabilité sur les capitaux propre) sera supérieure à celle qu’ils auraient eu s’ils avaient uniquement financé ce même investissement via les seuls capitaux propres.
En général, on dit qu’un ratio d’endettement de 0,5 (donc le double de fonds propres par rapport aux dettes financières nettes) exprime une capacité d’endettement bien exploitée sans risque majeur pour l’entreprise.
Le taux d’endettement
Dans certaines analyses financières, on élargit le calcul du ratio d’endettement en prenant l’ensemble des dettes de l’entreprise, et non pas uniquement les dettes financières. On obtient alors le ratio :
Taux d’endettement = Dette totale / Capitaux propres
Ce ratio inclut donc également les dettes fournisseurs, fiscales et sociales, contrairement au précédent. Il donne une vision plus globale de l’endettement de l’entreprise vis-à-vis de ses ressources propres, mais il peut parfois “surcharger” la perception du risque, car ces dettes d’exploitation (fournisseurs, TVA, charges sociales…) font partie du cycle normal de l’activité et sont moins problématiques que l’endettement bancaire de long terme.
On dit parfois qu’un taux d’endettement maximal de 33% peut être retenu pour limiter l’octroi des emprunts à une entreprise. Autrement dit, la capacité d’endettement de l’entreprise serait restreinte dès lors qu’elle serait déjà endettée à hauteur de 33% de ses fonds propres. Mais il ne s’agit pas d’une règle, et tout dépend du contexte, du potentiel du projet, du lien avec la banque, etc…
L’autonomie financière
Parmi les autres ratios qui découlent du premier, on retrouve notamment les ratios d’autonomie financière, qui calculent à quel point l’entreprise est indépendante des prêteurs sur le plan financier.
Nous avons ainsi un premier ratio qui se calcule comme suit :
AF1 = Capitaux propres / Capitaux permanents
Les capitaux permanents étant pour rappel les capitaux propres + les dettes de long terme (souvent des crédits à plus d’un an).

Ce ratio mesure donc le poids que représentent les capitaux propres sur la totalité du passif de long terme (les capitaux permanents, également appelés ressources stables, et qui sont censés financer l’actif immobilisé, comme on peut le voir sur le schéma ci-dessus).
Idéalement, d’un point de vue purement théorique, il vaut mieux qu’il soit égal à au moins 0,5 (donc 1/2) car cela signifierait que les capitaux propres représentent au moins la moitié des ressources stables. Par exemple, si les capitaux propres représentent pile la moitié des capitaux permanents, disons par exemple 20 000€ de capitaux propres et 40 000€ de capitaux permanents :
AF1 = Capitaux propres / Capitaux permanents = 20 000 / 40 000 = 50%
Et Ratio d’endettement = Dettes / Capitaux Propres = 20 000€ / 20 000€ = 1
Le ratio d’endettement serait égal à 1, puisque comme les capitaux propres de 20 000€ représentent la moitié des capitaux permanents, les dettes qui sont l’autre moitié s’élèveraient à 20 000€. L’activité de l’entreprise repose donc de façon équitable sur un financement en fonds propres et en dettes financières.
Ensuite, nous avons un deuxième ratio d’autonomie financière qui se calcule comme suit :
AF2 = Capitaux propres / Dettes de court terme et de long terme
Ce ratio calcule donc le poids des capitaux propres sur la totalité des dettes financières, qu’elles soient de long terme ou de court terme, contrairement au premier ratio qui ne prenaient en compte que les dettes de long terme (qui sont comprises dans les capitaux permanents).
Ce ratio mesure donc la capacité de l’entreprise à financer son activité par ses propres moyens par rapport aux emprunts, quels qu’ils soient. Idéalement, il devrait être supérieur ou égal à 1, afin que les capitaux propres couvrent au moins la totalité des dettes financières.
Normes sectorielles et comparaisons
Comme pour la plupart des ratios financiers, l’interprétation du ratio d’endettement dépend fortement du secteur d’activité. Certaines activités nécessitent structurellement beaucoup de dettes pour financer leurs investissements (immobilier, énergie, transport, construction…), tandis que d’autres secteurs plus légers en capital (services, conseil, technologies) fonctionnent avec très peu de dettes.
👉 Ainsi, un ratio de 150 % pourrait sembler excessif pour une société de conseil, mais être tout à fait normal pour un promoteur immobilier.
👉 L’important n’est donc pas de juger un ratio dans l’absolu, mais de le comparer :
- à l’historique de l’entreprise elle-même (évolution dans le temps),
- aux entreprises du même secteur (comparaison sectorielle).
Limites du ratio d’endettement
Bien qu’utile et simple à calculer, le ratio d’endettement présente plusieurs limites :
- Il ne mesure pas la capacité réelle de remboursement. Une entreprise peut avoir un fort endettement, mais des flux de trésorerie stables qui lui permettent d’assumer sans problème ses échéances.
- Il ne prend pas en compte le coût de la dette. Un endettement élevé à faible taux d’intérêt peut être moins risqué qu’un endettement plus faible mais coûteux.
- Il peut donner une image déformée selon la définition retenue. Inclure ou non les dettes d’exploitation modifie fortement le résultat.
- Enfin, il doit toujours être mis en perspective avec d’autres ratios, notamment le ratio Dette nette / EBITDA, qui mesure plus directement la capacité de l’entreprise à rembourser son endettement grâce à sa rentabilité opérationnelle.
En résumé, le ratio d’endettement est un indicateur de base, utile pour un premier diagnostic, mais il ne doit jamais être analysé seul.
Le ratio Dette nette / EBITDA
Pour compléter l’analyse de l’endettement, les analystes financiers et les banques utilisent fréquemment le ratio suivante :
Dette nette / EBITDA.
Dans ce ratio :
- Dette nette = Dettes financières – Trésorerie disponible, car on s’intéresse ici à ce que l’entreprise peut mobiliser rapidement si elle voulait rembourser ses dettes, donc on soustrait aux dettes la trésorerie disponible afin d’évaluer la véritable exposition de l’entreprise à l’endettement.
- EBITDA (Earnings Before Interest, Taxes, Depreciation and Amortization) = résultat opérationnel avant dotations aux amortissements et provisions, qui reflète la rentabilité générée par l’activité courante de l’entreprise.
👉 Ce ratio mesure combien d’années d’EBITDA il faudrait à l’entreprise pour rembourser intégralement sa dette nette, en supposant qu’elle y consacre toute sa rentabilité opérationnelle.
Exemple :
- Dette nette = 20 M€
- EBITDA = 5 M€
- Ratio = 20 / 5 = 4
Cela signifie qu’il faudrait 4 années d’EBITDA pour rembourser la dette nette.
En pratique :
- Un ratio inférieur à 3 est souvent considéré comme confortable.
- Au-delà de 5, les prêteurs estiment généralement que l’entreprise est trop endettée.
Ce ratio est particulièrement utilisé dans les opérations de financement et de LBO (rachat d’entreprise à effet de levier), car il reflète directement la capacité de remboursement de l’entreprise.
En France, l’un des ratios qui se rapproche de l’EBIDTA est l’EBE, l’excédent brut d’exploitation, mesure la richesse créée par l’activité courante avant la prise en compte des dotations aux amortissements, provisions, charges financières et impôts, mais tout cela fera l’objet d’un chapitre dédié.
Comparaison internationale : gearing et leverage
Dans la littérature financière anglo-saxonne, on retrouve des termes voisins du ratio d’endettement français, même si les définitions peuvent varier selon les contextes :
- Gearing ratio : il correspond souvent au ratio dettes financières / capitaux propres, comme dans la définition française classique. Dans certains cas, il peut inclure toutes les dettes.
- Leverage ratio : plus large, ce terme peut désigner l’ensemble des mesures de l’effet de levier, y compris le rapport entre l’endettement et la rentabilité ou la taille du bilan.
👉 L’important à retenir est que le vocabulaire diffère, et qu’il faut toujours vérifier la formule exacte utilisée dans les documents financiers ou bancaires. Deux interlocuteurs peuvent utiliser le même mot (“leverage”) pour désigner deux ratios différents.
Capacité d’endettement
La capacité d’endettement d’une entreprise (ou la capacité d’emprunt) correspond à sa capacité à contracter de nouveaux emprunts bancaires sans mettre en péril son équilibre financier et donc sa rentabilité. C’est un critère essentiel à la fois pour décider d’emprunter du côté de l’entreprise, mais aussi pour prêter à l’entreprise du côté de l’institution financière.
Cette capacité d’endettement dépend des critères qu’on a énumérés précédemment. Et pour l’améliorer, l’entreprise peut chercher à augmenter son résultat et par conséquent sa capacité d’autofinancement (la différence entre les produits encaissés et les charges générées par son activité, donc l’excédent de trésorerie sur une période donnée, permettant à l’entreprise de couvrir ses charges ou d’investir sans recourir à des financements externes) et/ou réduire son endettement en réalisant des remboursements anticipés si elle peut le supporter via sa trésorerie disponible, sans non plus mettre en péril cette dernière.
Exercices corrigés sur le ratio d’endettement
Exercice 1
Une entreprise présente les données suivantes :
- Dettes financières : 400 000 €
- Trésorerie disponible : 100 000 €
- Capitaux propres : 600 000 €
1/ Calculez le ratio d’endettement (Dettes financières nettes / Capitaux propres).
2/ Interprétez le ratio.
3/ Capacité d’endettement : l’entreprise peut-elle encore emprunter en théorie si l’on se base que sur ce ratio ?
4/ Relativisez l’interprétation du ratio d’endettement.
Correction :
1/ Dettes financières nettes = 400 000 – 100 000 = 300 000 €
Ratio d’endettement = 300 000 / 600 000 = 0,5 → 50 %
2/ Interprétation du ratio :
- Le ratio d’endettement de 0,5 (50 %), ce qui signifie que les dettes financières nettes représentent la moitié des capitaux propres.
- Le ratio étant inférieur à 1, l’entreprise est modérément endettée : ses fonds propres sont supérieurs à ses dettes nettes, la structure financière est donc relativement saine
3/ Oui. L’entreprise garde une marge de manœuvre pour recourir à de nouveaux emprunts si nécessaire (sa capacité d’endettement n’est pas saturée).
4/ Toutefois, l’interprétation peut varier dans les deux sens selon :
- le secteur d’activité : certains secteurs (immobilier, transport aérien, BTP) supportent des niveaux d’endettement plus élevés, tandis que d’autres doivent rester plus prudents.
- la rentabilité de l’actif économique : si l’entreprise génère un rendement supérieur au coût de l’endettement, l’effet de levier peut être positif. Mais si ce rendement est faible ou inférieur au coût de la dette, l’endettement peut fragiliser l’entreprise.
Exercice 2
Une société a 800 000 € de capitaux propres et 1 200 000 € de dettes financières nettes.
1) Calculez le ratio d’endettement.
2) Interprétez le résultat en quelques lignes.
Correction :
1) Ratio d’endettement = 1 200 000 / 800 000 = 1,5 → 150 %
2) Le ratio d’endettement étant supérieur à 1, l’entreprise s’appuie davantage sur les capitaux prêtés que sur les capitaux apportés par les actionnaires. Cette situation traduit une dépendance accrue vis-à-vis des créanciers.
- Risque : si la rentabilité économique de l’entreprise est inférieure au coût de la dette, l’endettement devient pénalisant et fragilise la structure financière (effet de levier négatif).
- Opportunité : à l’inverse, si la rentabilité économique est supérieure au coût de la dette, l’entreprise profite d’un effet de levier positif. Certains secteurs capitalistiques (ex. BTP, transport, immobilier) recourent fréquemment à un endettement élevé pour financer leur activité.
Exercice 3
Une entreprise dispose de :
- Capitaux propres : 1 000 000 €
- Dettes de long terme : 600 000 €
Calculez le ratio d’autonomie financière AF1 et commentez le résultat.
Correction :
Capitaux permanents = 1 000 000 + 600 000 = 1 600 000 €
AF1 = 1 000 000 / 1 600 000 = 0,625 → 62,5 %
→ Résultat supérieur à 0,5 : situation financière saine.
👉 Chapitre suivant : à venir.
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