Liborgate : vers le scandale de trop pour les banques ?

Avez-vous déjà entendu parler du « liborgate » ? Pas encore ? Il serait temps de vous mettre à la page car c’est le scandale financier qui va occuper les banques pendant tout l’été et même après… Je vous conseille de bien profiter de vos vacances, si vous avez la chance d’en avoir, car à mon humble avis, il y en a qui vont avoir un réveil pénible !

Libor de la falaise !

Je tiens tout d’abord à m’excuser pour ce jeu de mots qui est vraiment très mauvais, même pour moi… Ensuite, pour ceux qui ne seraient pas des adeptes des marchés financiers, je rappelle simplement que le Libor est un indice britannique indiquant en temps réel le taux auquel les banques qui y sont affiliées (quasiment toutes…) se prêtent entre elles. Je vous prie de me croire quand je vous dis que c’est l’un des principaux indices de référence en Europe et dans le monde entier. Du coup, douter de sa crédibilité paraissait presque aussi incongru que d’affirmer que la Terre est plate… J’utilise l’imparfait car il semblerait que ce ne soit plus tout à fait vrai.

En effet, certaines banques auraient habilement manipulé leur cours pour laisser penser que tout allait très bien et que le secteur bancaire ne cédait pas à la panique. Vous allez sans doute penser que ce n’est pas grand-chose. Pourtant, même en mettant de coté l’aspect totalement illégal de ces opérations, le « liborgate » aurait pu mettre à mal des fleurons de l’industrie financière européenne, au premier rang desquels ont trouve la très vénérable et respectable banque britannique Barclays, par qui le scandale est arrivé. Plus grave encore, les petits malins qui étaient parvenus, sans grandes difficultés, à manipuler le taux interbancaire britannique ont eu l’idée de faire de même avec l’Euribor, son pendant européen.

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Parmi les banques citées par les medias spécialisés, notamment le très sérieux Financial Times, figurent bien entendu les britanniques Barclays et HSBC, mais aussi UBS, la Deutsche Bank et deux banques française que sont le Crédit Agricole et la Société Générale qui est décidément dans tous les « bons coups »… Ceci étant, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, toutes les banques que je viens de citer ne sont pas officiellement impliquées et les françaises hurlent, à qui veut bien les croire, qu’elles n’ont absolument pas pris part à des opérations financières visant à manipuler des cours. Ceci étant dit, je ne serai pas particulièrement étonné si la liste devait s’allonger tant le maintien des taux interbancaires à des niveaux fantaisistes a été profitable à toutes les banques sans exception !

http://www.youtube.com/watch?gl=FR&v=VZC4jZwcirE

Le scandale de trop ?

Loin de moi l’envie de jouer les cyniques, ou de laisser à croire que je suis complètement désabusé, mais j’ai la vague impression que les financiers n’apprennent jamais rien ! Comment peut-on imaginer qu’une telle manipulation se produise après la crise des subprimes et autres produits toxiques en tous genres, ou encore l’affaire Kerviel et celle plus récente de la « Baleine de la Tamise » ? Les banques n’étaient-elles pas mieux régulées ? N’avait-on pas dit que le capitalisme serait « moralisé » ? Visiblement, non…

Même si cette histoire sera sans doute moins néfaste que celle des « subprimes », elle risque d’avoir des répercussions sur le secteur financier dans son ensemble. Et puis, il faut bien admettre que cette nouvelle affaire regroupe quelques uns des sujets qui exaspèrent le plus lorsque l’on parle de finance, que ce soit l’arrogance, la cupidité ou l’incompétence manifeste des systèmes de régulation. En effet, comment ne pas souligner la fatuité du désormais ex-directeur de Barclays, Bob Diamond, qui pensait sans doute que les « diamants sont éternels » et qu’il n’y avait aucun mal à exiger de ses employés qu’ils manipulent le Libor puisque de toute façon personne ne serait en mesure de comprendre… Manque de chance, ses petites combines ont fini par se voir et ni la démission du président de la banque, Marcus Agius, ni l’abandon de son confortable bonus n’ont suffi à calmer l’opinion publique.

La cupidité est également bien présente car, comme le rappelle Christophe Nijdam, analyste chez Alphavalue, sur le site de La Tribune, « sous-estimer le Libor de deux petits points de base a permis à certaines banques de gagner beaucoup d’argent sur les swaps de taux ». Cependant, ce qui est à mon sens le plus grave dans cette affaire, c’est la lenteur des systèmes de régulation. Pourquoi a-t-il fallu tant de temps pour que ce scandale éclate, alors que les autorités étaient depuis longtemps au courant ? Ainsi, si l’on en croit le New York Times, un employé de la Barclays aurait averti la Federal Reserve Bank of New York de malversations en avril 2008. Mais rien n’a été fait…

En conclusion, on ne peut qu’espérer que ce scandale qui va éclabousser l’ensemble des banques ne fasse pas trop de dégâts et surtout que, pour une fois, les régulateurs prennent la mesure des évènements et mettent en place des mesures pour que cela change. Bien sûr, ce dernier espoir tient plus du vœu pieux que d’autre chose…

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