L’humain augmenté comme nouvelle arme de domination

Réflexion – Dans un monde où les armes sont partagées par toutes les grandes puissances, la domination civilisationnelle pourrait ne plus passer par les guerres frontales, mais par la matière grise.

La fin des armes classiques comme seul facteur de domination

Pendant des siècles, la puissance s’est mesurée au nombre de soldats qu’un État pouvait mobiliser. Puis vint l’ère nucléaire, où une poignée d’hommes suffisaient à anéantir une planète entière.

Aujourd’hui, cette arme suprême a perdu sa valeur : celui qui l’utiliserait signerait sa propre disparition. L’arme atomique n’est plus une arme envisageable, mais une simple dissuasion.

L’arme bactériologique ? Même problème, ceux qui ont eu le malheur de laisser échapper un virus d’un laboratoire l’ont fait soit par erreur, soit par stratégie. Mais il s’agissait d’une grippe, et un virus beaucoup plus mortel pourrait décimer la planète entière, et ce ne serait pas forcément dans l’intérêt du donneur d’ordre, sauf dans une logique purement malthusienne, ce qui n’est pas impossible, mais passons.

L’arme informationnelle ? Elle se banalise, et bien que la propagande d’aujourd’hui continue de se faire via les médias grand public, elle n’est même plus vraiment nécessaire, tant les masses sont anesthésiées.

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Aujourd’hui, alors que des guerres économiques font rage entre les différents blocs, nous assistons actuellement à une course à « l’arme fatale » du futur : 这是 l’arme de l’intelligence, aussi bien artificielle, qu’humaine.

Cette arme permettrait ainsi aux grandes puissances de maîtriser le saut technologique que nous sommes en train de vivre. Et les empires qui louperont le coche sont susceptibles de chuter et de retourner à l’âge de pierre, dans un espèce de Mad Max rétro-futuriste peu enviable, et dont l’Europe et la France sont en première ligne.

La technologie comme nouvelle dissuasion

La puissance se joue désormais sur les terrains économique et technologique. Celui qui contrôle la donnée, l’algorithme, l’automatisation, la robotisation et l’énergie contrôle le monde.

Sauf que la technologie seule ne suffit plus. Car l’accès à la connaissance a été démocratisé : chacun peut désormais tout apprendre. L’enjeu n’est donc plus d’avoir accès à l’information, mais tout d’abord d’avoir envie d’apprendre, et ensuite de savoir quoi en faire.

En d’autres termes, l’intelligence artificielle a rebattu les cartes : elle nous a fait basculer dans un nouveau terrain de jeu qui ne laisse pas de place à la médiocrité ou à l’oisiveté, elle a « élevé le niveau ». Alors que certains la consomment comme un simple assistant personnel afin d’avoir réponse à tout, d’autres s’en servent pour s’améliorer, muscler leur cerveau et devenir de vrais gymnastes de l’intellect.

Par conséquent, dans ce nouveau contexte, l’enjeu de demain est non seulement de maîtriser les IA, mais aussi et surtout de transformer la donnée en sens, en valeur, en pouvoir. Et cela ne s’obtient pas avec des masses de consommateurs désinformés, mais avec des humains augmentés.

L’humain augmenté : l’alchimiste du XXIe siècle

L’humain augmenté n’est pas forcément celui qu’on dote de prothèses neuronales ou de nanotechnologies.

C’est avant tout celui qui fusionne son intelligence biologique avec l’intelligence artificielle pour en tirer un avantage compétitif, mais aussi un idéal civilisationnel.

L’humain augmenté, c’est l’alchimiste moderne : il transforme le flux d’informations en idées, en stratégies, en créations, en innovations et en projet de société.

C’est l’ingénieur qui sait dialoguer avec l’IA. Le chercheur qui pense plus vite et plus loin grâce à ses propres outils cognitifs, tout en s’aidant de la technologie. C’est le chef d’entreprise visionnaire, qui va au-delà de ce que l’IA pourrait lui dicter. C’est l’artiste ou le philosophe qui transcende la machine par le sens.

Autrement dit : la véritable dissuasion du XXIe siècle sera de « posséder » une population formée, affûtée, agile, éthique et créative — une humanité supérieure non par la domination par les armes, mais par la maîtrise et par l’intelligence.

L’éthique comme dimension stratégique

Par ailleurs, dans un monde saturé de technologie, paradoxalement, l’âme humaine devient rare et pourrait donc devenir valorisée. Cette rareté confère une puissance symbolique inédite.

L’Occident a longtemps dominé le monde grâce à sa promesse morale notamment — les droits de l’homme, la liberté, la dignité, la raison, en plus de son avancée technologique. Mais ces fondations ont été ébranlées : les guerres d’ingérence et les hypocrisies politiques ont sabordé sa réputation.

Résultat : l’autorité morale de l’occident s’effrite, tandis que d’autres puissances s’imposent avec des récits de rigueur, de devoir, de cohésion et de morale.

La course à la technologie ne peut donc être gagnée sans une renaissance éthique et culturelle. Car les sociétés du futur auront besoin non seulement d’ingénieurs, mais aussi de gardiens du sens. D’hommes et de femmes capables d’allier puissance technologique et hauteur morale.

Or, cette montée en compétence morale demande là encore… de l’intelligence. Et quoiqu’on en dise, à mesure que la technologie permet d’améliorer le niveau de connaissances, et à mesure que l’information est accessible (et on ne parle pas ici de l’information grand public), force est de constater que les populations sont paradoxalement de plus en plus perméables à toute gravité.

Dis autrement, les expériences récentes nous ont montré que la remise en question de l’autorité, même lorsqu’elle soulevait des questions sur le plan éthique, ne semblait pas être la priorité de l’opinion publique…

La maîtrise seule de la technique pourrait donner l’avantage à une civilisation à court terme, mais l’être humain reste un être humain, avec ses sensibilités, et une boussole morale plus ou moins partagée par l’humanité entière depuis des millénaires. La maîtrise de la technologique sans vision morale est donc amenée à créer des ressentiments, puis des remises en question de l’autorité.

Les puissances qui sauront équilibrer technologie et projet commun de société pourraient devenir les grandes gagnantes de demain.

L’Europe face à son déclin

Et en Europe, c’est là que le bât blesse. L’Europe est l’héritière des Lumières et du romantisme, et cet héritage lui a conféré un art de vivre très plaisant. Elle s’est donc endormie dans son confort post-industriel.

Sa jeunesse s’est retrouvée bercée par le loisir puis par l’angoisse (l’oisiveté seule menant irrémédiablement à la perte de sens et donc au malheur). Elle s’est éloignée du travail physique et intellectuel, ainsi que de la discipline, qui sont des activités qu’elle a jugé peu épanouissantes, pour finir dans un dernier soubresaut par s’enfoncer petit à petit, sans s’en rendre compte, dans le déclassement.

Et le mot « déclassement » est ici choisi à dessein, puisqu’il s’agit non seulement d’un déclassement social au niveau national, mais aussi d’un déclassement mondial au niveau économique, mais aussi intellectuel et éducationnel.

Pendant ce temps, la Chine forme des cohortes de jeunes programmeurs dès l’enfance. Les États-Unis fusionnent capitalisme et intelligence artificielle dans une dynamique darwinienne. Leur projet de société est loin d’être idéal, et aux antipodes du romantisme français, mais il a le mérite d’être pragmatique et efficace.

Et l’Europe, elle, se noie dans des abysses administratives et procédurales, en tentant de faire survivre sa grosse machine bureaucratique digne de l’ère soviétique. Pire encore, il semblerait qu’elle se soit noyée dans un excès de démocratie, passant son temps à légiférer sur tel ou tel détail, brisant toute poche de liberté sur son passage, et donc tout élan de créativité et de génie.

Cette inflation normative traduit moins un souci de justice qu’une peur du désordre, symptôme d’une civilisation vieillissante qui ne croit plus à la vertu spontanée de ses citoyens. L’Europe, autrefois laboratoire du courage intellectuel et de la liberté créatrice, est devenue une bureaucratie de la précaution. Elle se protège d’elle-même à force de règlements, d’exceptions, de formulaires et de consentements.

Là où l’individu devrait s’élever, il se conforme. Et c’est précisément ce qui menace aujourd’hui le génie européen — cette capacité à oser, à transgresser, à inventer. À force de vouloir tout encadrer, l’Europe s’est privée de ce qui faisait sa grandeur : la confiance dans l’esprit humain, et dans l’intelligence de chaque individu.

Son seul salut : réinvestir dans l’éducation, la rigueur, l’effort, la recherche, la curiosité, et la morale individuelle.

Car sans cela, l’Europe, et en particulier la France, deviendront les passagers clandestins d’un futur inventé par d’autres. Et cerise sur le chapeau, notre pays ne sera plus qu’un lieu de tourisme figé dans un décor à la Amélie Poulain (qui était justement innovant pour l’époque mais qui est devenu une manne bien triste), entouré de villes gangrénées par l’insécurité et la pauvreté.

La survie par l’élévation

Les armes du futur pourraient donc ne plus être seulement nucléaires ou bactériologiques. Pas non plus seulement technologiques. Elles seront humaines, intellectuelles et civilisationnelles, dans le sens où les sociétés gagnantes du futur sauront se définir comme des sociétés humaines, avec un projet et un destin communs, et un goût pour l’intelligence individuelle et le dépassement de soi, et non comme des metaverses d’individus isolés et sans lien social, dopés à la consommation de contenus numériques, et qui auraient transféré leur responsabilité auprès d’un Etat providence en pleine déroute.

L’humain augmenté pourrait ne pas être le cyborg qu’on aurait pu imaginer, mais un citoyen éclairé qui sait se servir de ses outils. Ce serait un humain avec une vision, un idéal de société et non un esclave de ses écrans.

Un être capable de se former grâce à la technologie, de s’informer sans se faire formater grâce à son libre-arbitre, et d’utiliser la technologie sans s’y dissoudre. C’est celui qui lit, qui apprend, qui comprend, qui agit, et qui cultive sa lucidité.

Et surtout, c’est celui qui ne se laisse pas marcher sur les pieds par un État trop providence et pas assez providentiel, qui confond protection et infantilisation.  La compétition de demain se jouera donc peut-être sur des citoyens « augmentés », brillants, capables d’esprit critique, de lucidité, d’intelligence, et de courage.

L’avenir appartient à ceux qui sauront unir la tête, la main et le cœur — les trois organes de la puissance véritable.

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